Page:Lao-Tseu - Le livre de la voie et de la vertu - traduction Stanislas Julien, 1842.djvu/284

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(7) E : Un grand royaume désire de réunir sous sa puissance et de gouverner les hommes des autres états. Si maintenant il s’abaisse devant les petits royaumes, les petits royaumes viendront se soumettre à lui. Un petit royaume désire d’être admis à servir les hommes (c’est-à-dire les princes des grands royaumes). Si maintenant il s’abaisse devant un grand royaume, et que ce grand royaume l’accueille avec bienveillance, ils obtiendront l’un et l’autre ce qu’ils désiraient.

Les vœux d’un petit royaume se bornent à vouloir servir les hommes (les princes puissants) ; mais le vœu que forme un grand royaume est de réunir sous sa puissance et de gouverner les hommes (des états voisins). Si celui qui sert les autres hommes voit que tel prince manque d’égards envers lui, il le quittera et ira offrir son obéissance à un autre. Si celui qui avait réuni sous sa puissance et qui gouvernait les hommes (des états voisins) vient à perdre l’obéissance d’un petit royaume, on ne pourra plus dire qu’il réunit et gouverne les hommes. C’est pourquoi les grands doivent surtout s’abaisser.

En s’abaissant, dit Wang-fou-sse, un petit royaume se conserve ; c’est là toute son ambition. Il ne peut déterminer tout l’empire à se soumettre à lui. Mais si un grand royaume s’abaisse, tous les autres états viendront se soumettre à lui. Voilà pourquoi les grands surtout doivent s’humilier et s’abaisser.