Page:Lao-Tseu - Le livre de la voie et de la vertu - traduction Stanislas Julien, 1842.djvu/352

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Quand il aurait des cuirasses et des lances, il ne les porterait pas (6).

Je le ferais revenir à l’usage des cordelettes nouées (7).

Il savourerait sa nourriture (8), il trouverait de l’élégance dans ses vêtements, il se plairait dans sa demeure, il aimerait ses simples usages.

Si un autre royaume se trouvait en face du mien, et que les cris des coqs et des chiens s’entendissent de l’un à l’autre (9), mon peuple arriverait à la vieillesse et à la mort sans avoir visité le peuple voisin (10).


NOTES.


(1) Sou-tseu-yeou : Lao-tseu vivait à l’époque de la décadence des Tcheou . Les démonstrations extérieures (les dehors d’une politesse étudiée) dominaient, c’est à-dire avaient remplacé la sincérité du cœur, et les mœurs se corrompaient de plus en plus. Lao-tseu aurait voulu sauver les hommes par le non-agir ; c’est pourquoi, à la fin de son ouvrage, il dit quel aurait été l’objet de ses vœux. Il aurait désiré d’avoir à gouverner un petit royaume pour y faire l’application de ses doctrines, mais il ne put y réussir.


(2) Sou-tseu-yeou : Le mot chi veut dire « dix hommes » 十人 (ainsi que l’indique sa composition). Le mot pe veut dire « cent hommes ». H : Même sens.

Mais, comme aucun dictionnaire ne donne ce sens au mot pe (vulgo « frère aîné du père »), j’ai préféré la leçon pe de l’édit. C, qui porte avec elle sa définition. En effet, le mot pe signifie « une troupe de cent hommes », parce qu’il se compose des signes « homme » et « cent ».