Page:Lao-Tseu - Le livre de la voie et de la vertu - traduction Stanislas Julien, 1842.djvu/43

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avez-vous pu oublier ce bienfait et m adresser des reproches ? Je vais aller vers la mer d’Occident (la mer Caspienne) ; je visiterai les royaumes de Ta-thsin (l’empire romain !), de Ki-pin (Caboul), de Thien-tchou (l’Inde), de l’Asi (la Parthie)[1] ; je vous ordonne de conduire mon char. A mon retour, je vous rembourserai la somme que je vous dois. »

Siu-hia s’étant refusé à accompagner Lao-tseu, le philosophe lui ordonna d’ouvrir la bouche en s’inclinant vers la terre, et aussitôt il laissa échapper le talisman dont les caractères mystérieux étaient aussi rouges qu’au moment où il l’avait avalé. Au même instant, le corps de Siu-hia se changea en une masse d’os desséchés.

In-hi, sachant que Lao-tseu était doué d’une puissance divine et qu’il pouvait ressusciter Siu-hia, se prosterna à terre et le supplia de lui rendre la vie, s’engageant à payer lui-même la somme due par Lao-tseu.

Lao-tieu jeta aussitôt à Siu-hia le talisman de la vie pure, et il ressuscita au même instant. In-hi donna ensuite 200,000 onces d’argent à Siu-hia et le renvoya. Dès ce moment il rendit à Lao-tseu les devoirs d’un disciple. Le philosophe lui communiqua le secret de l’immortalité. In-hi le pria, en outre, de lui enseigner sa doctrine, et alors Lao-tseu la lui exposa en cinq mille mots. In-hi se retira à l’écart, les écrivit fidèlement et en composa un ouvrage qu’il appela Tao-te-king, ou le livre de la Voie et de la Vertu. In-hi suivit la doctrine de son maître et obtint le rang d’immortel.

Sous la dynastie des Han, l’impératrice Teou-heou eut foi dans les maximes de Lao-tseu. L’empereur Hiao-wen-ti des Han, et les parents de l’impératrice son épouse, ne purent s’empêcher de lire cet ouvrage. Tous ceux qui le lurent en retirèrent d’immenses avantages : c’est pourquoi, sous les règnes de Hiao-wen-ti et de Hiao-king-ti, tout l’empire fut calme et heureux, L’impératrice Teou-chi

  1. Les trois premiers noms de royaumes sont tirés d’une autre rédaction de la même légende publiée par Khing-tseu, sous la dynastie des Ming, plus de dix siècles après le mythologue chinois (Ko-hong) que nous traduisons. (Voy. Li-taï-chi-tsouan-tso-pien. liv. CLIX, fol. 3 verso.)