Page:Lao-Tseu - Le livre de la voie et de la vertu - traduction Stanislas Julien, 1842.djvu/56

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grâce auprès de l’empereur et je revins à la capitale. Tseu-tchen se rendit à Pi-ling, y tomba malade et mourut. Dix années s’étaient écoulées depuis cet événement, et j’ignorais ce qu’était devenu mon travail sur Lao-tseu que j’avais laissé autrefois entre les mains de Tseu-tchen.

« La première année de la période Tching-ho (l’an 1111) je tombai par hasard sur les manuscrits de Tseu-tchen, que mon neveu Maï avait mis en ordre. Dans le nombre, je trouvai un manuscrit avec cette note : « Commentaire nouveau sur Lao-tseu qui me fut confié jadis par mon frère Sou-tseu-yeou. » Je ne pus le parcourir jusqu’au bout, le livre me tomba des mains, et je m’écriai en soupirant : « Si l’on eût eu ce commentaire à l’époque des guerres entre les royaumes (Tchen-koue), on n’aurait pas eu à déplorer les maux causés par Chang-yang et Han-feï ; si on l’eût eu au commencement de la dynastie des Han, Confucius et Lao-tseu n’auraient fait qu’un ; si on l’eût eu sous les Tsin et les Song (de 265 à 401), Bouddha et Lao-tseu n’auraient pas été en opposition. Je ne m’attendais pas à faire, dans mes vieux ans, cette rencontre extraordinaire. — Je demeurai dix ans à Ing-tchouen, et, pendant tout ce temps, je fis beaucoup de corrections et de changements à ces quatre ouvrages (ses commentaires sur le Chi-king, le Tch’un-thsieou, le Lao-tseu, et son travail sur les anciens historiens). » Je pensais que les paroles des Saints ne peuvent être comprises à la première lecture ; aussi, chaque fois que j’avais trouvé une idée nouvelle, je n’osais m’arrêter au premier sens. Aujourd’hui je serais heureux de pouvoir améliorer mon commentaire sur Lao-tseu, à l’aide des avis de Tseu-tchen, mais, hélas ! je ne pourrai plus le consulter. — Je n’eus pas la force de continuer et je fondis en larmes. »

Tchou-hi, le célèbre interprète des livres classiques, blâme sévèrement Sou-tseu-yeou d’avoir voulu faire accorder la doctrine des lettrés avec celle de Lao-tseu, et d’y avoir cousu (c’est l’expression du critique) la doctrine des bouddhistes. Ces rapprochements particuliers à Sou-tong-po lui paraissent complètement erronés. Il trouve