Aller au contenu

Page:Laperche - Ile inconnue.djvu/127

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

SAINT-OLAF 111

vent, — que l'homme bien né doit avoir atteint le perfectionnement moral, raffinement physique qui est notre idéal. Ainsi l'individu de basse origine péchera toujours par quelque chose, par le manque de tact, d'empire sur soi, d'éducation. Il aura beau avoir les sentiments les plus élevés, posséder une haute culture intellectuelle, être un génie même, il ne sera pas un gentleman.

— Ah ! la nature ne réussit pas du premier coup ce beau spécimen humain, dis-je alors. Il lui faut au moins trois générations.

— voilà pourquoi nous prisons la naissance. Parmi nos hommes d'État de valeur, il y en a qui ne sont pas (( bien nés », leur politique s'en ressent toujours. Chez nous, tout le monde a Tambition d'être ou de paraître un gentleman.

— Cela en est horripilant ! fit Edith avec humeur.

— Eh bien, celte ambition a du bon, lui dis-je, elle agit comme un frein puissant. J'en ai eu un exemple l'année dernière à Simley Hall. Deux bébés jouaient dans un batelet sur la pièce d'eau. Le garçon, les jambes écartées, lui imprimait un balancement qui devait être assez désagréable, la fillette le suppliait de cesser et, par taquinerie. il accélérait le mouvement.

— Francis ! vous n'êtes pas un gentleman ! criat-elle enfin exaspérée.

Le garçon rougit jusqu'aux cheveux et s'arrêta net. Une semblable parole n'eût eu aucun effet sur un enfant français. Je le regrettai secrètement.

— Tout cela est bel et bon, reprit miss Baring, mais je persiste à dire que notre éducation est horri-