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Page:Laperche - Ile inconnue.djvu/221

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LONDRES. 205

ment automatique admirablement réglé me donne une impression de force virile, de protection même. Elle est égayée par ces cabs dangereux et laids, mais rapides, qui la traversent en tous sens, jetant à droite et à gauche l'éclat de leur vernis et de leurs roues. Pendant la saison, ils emportent comme des bustes vivants de femmes et d'hommes en toilettes du soir. L'effet est bizarre. Jamais le Britisher n'est aussi bien que dans le cadre du « hansom », soit que le cigare aux lèvres il lise son journal, soit que correct et élégant il se rende à quelque réunion mondaine. C'est bien, du reste, une voiture d'homme. On y grimpe et on en saute. Le claquement de sa portière semble dire : « Filez, le temps est de l'argent. » Et ils filent !

A Londres, ce n'est pas le piéton qui attend les omnibus, mais les omnibus qui s'offrent au piéton. Cela me semble plus logique. Ils sont petits, jaunes, bruns, verts, couleur crème, bariolés de réclames. Ils forment au bord des trottoirs deux lignes mouvantes : l'une montante, l'autre descendante. L'impériale est considérée plus chic que l'intérieur. Elle donne l'illusion du mail coach. Ici, quand on ne peut pas avoir la chose, on en recherche l'apparence. Aussi voit-on sur le haut du démocratique véhicule, des toilettes, des ombrelles claires, des chapeaux flamboyants. Le cocher a des vêtements bien taillés, la boutonnière fleurie, un pare-poussière sur les genoux et parfois il conduit comme un vrai sportsman. En Angleterre, du reste, les cochers semblent tirer quelque orgueil, quelque distinction de leur métier. On m'a assuré que parmi eux se trouvent assez souvent

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