Aller au contenu

Page:Laperche - Ile inconnue.djvu/224

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

208 l’île inconnue.

vaillent n’ont pas des millions de cellules derrière leurs fronts ? Est-ce qu’ils ne rayonnent pas sur tout le globe... par ce réseau de fils télégraphiques qui les continuent, par le réseau plus formidable des fluides invisibles au milieu desquels ils se meuvent et par lesquels ils sont mus ? Je me dis cela et toutes ces choses, ruelles sombres, bureaux, offices maussades, hommes d’affaires sordides prirent devant ma pensée des proportions gigantesques’ et provoquèrent en moi une sorte de respect et de fierté. Au bout d’un moment, cependant, je me sentis comme oppressée par la conscience de ces forces. J’éprouvai le besoin d’y échapper. Je repris une voiture et l’idée lumineuse me vint d’aller respirer à Richmond Park. Richmond Park ! l’espace ouvert, des arbres magnifiques, des chants d’oiseaux, des lapins familiers, des biches aux grands yeux vagues, des daims faisant cercle et balançant leurs têtes d’un mouvement rythmique. Tout cela en sortant de la Cité ! Rien ne saurait rendre la fraîcheur et le repos soudain qui tombèrent en moi. Cette sensation a délicieusement marqué ma journée. Nous ne savons vraiment pas encore goûter la vie.

Londres.

Un dimanche à Londres au xx’ siècle : service religieux, parade après l’église à Hyde Park, luncheon, thé et bridge chez une Américaine, dînerparade au Carlton. C’était à ne pas croire que j’étais à quarante-cinq minutes seulement de Wimbledon, dans le même pays et à la même époque.