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Page:Laperche - Ile inconnue.djvu/223

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LONDRES. 2U/

quelle ils relevaient et soignaient les femmes terrassées par la chaleur ou la fatigue. Le second jour du Jubilé, à Kensington, l'un d'eux, s'apercevant que notre Victoria risquait d'être engloutie par là foule, vint se placer derrière, une main sur la capote. Il maintint ainsi le flot vivant pendant tout le reste du parcours. À un moment, je me retournai : « Nous serions submergés sans vous, policeman », lui dis-je afin de montrer que j'appréciais ses services. Il leva deux doigts à la hauteur de son front, rougissant comme une jeune fdle et de plaisir, j'en suis sûre. Le Bobby est du peuple, il incarne ses meilleures qualités et ces qualités bien canalisées donnent des forces considérables. Nos voisins le savent mieux que nous. Parmi les bouillonnements de la vie de Londres, il en est un qui m'intéresse particulièrement, celui de la Cité. Son activité grave, silencieuse, bien réglée, excite toujours mon admiration. Ce matin, je me suis fait conduire au plus épais du trafic, à l'endroit le plus animé de la fourmilière. J'ai marché assez longtemps, regardant curieusement les rues étroites et sales, les maisons grises, le défilé des individus qui y entraient et en sortaient. Au coup d'œil superficiel, c'était laid et petit. Et pourtant, quelle grandeur réelle sous ces dehors mesquins ! Est-ce que ce n'est pas là l'axe de cette formidable machine qui s'appelle l'Empire britannique ? Est-ce que de ces logettes ne partent pas à toute heure des ordres, des commandes, des mots destinés à déplacer des fortunes lointaines ? Est-ce que des énergies étrangères n'y affluent pas en retour, y apportant la ruine ou la prospérité? ... Est-ce que les insectes humains qui y tra-