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PREMIÈRE PARTIE


I


Chez madame Villars, Madison Square, New-York, tout indiquait le départ pour l’Europe et un projet de longue absence. Dans le vestibule on voyait un monceau de bagages marqués : « Paris » les fauteuils pour le bateau, et ces malles plates, dites « malles de cabine, » que l’Américaine fait et défait avec un égal plaisir.

Les tableaux, les glaces étaient voilés, les tapis roulés, les meubles les plus précieux recouverts de housses. Partout, aux murs, sur les étagères, il y avait de grands vides, tristes et laids, et déjà dans la maison, le froid, la sonorité des lieux inhabités.

Seule, la bibliothèque avait encore son aspect gai et confortable. Les boiseries de chêne, les murs teintés de bronze, la cheminée de style reine Anne, la grande lanterne moyen-âge, les vitraux d’art et les rayons chargés de livres ne parvenaient pas à lui donner un air sérieux.

Une fantaisie féminine et jeune avait détruit l’effet de ce cadre sévère par une foule de choses