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Page:Lapicque - Les Nègres d’Asie et la race nègre en général, paru dans les Bulletins et Mémoires de la Société d’Anthropologie de Paris, 1906.djvu/7

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particulier des Éthiopiens, c’est cette deuxième hypothèse qui s’impose, puisque nous avons la preuve de l’influence sémitique sur l’Abyssinie.

Les Océaniens. — Les Nègres proprement dits d’Afrique, qui se présentent en masse compacte, peuvent sans doute être subdivisés en variétés diverses, mais tous ont du moins une ordonnance générale identique dans les traits de leurs visages ; tous répondent, avec des nuances, au schéma général que nous en avons tracé.

Pour les nègres d’Océanie, il n’en va pas de même. D’abord leur habitat, morcelé déjà par sa nature d’archipel, est tout semé d’enclaves appartenant à une race bien distincte, les Polynésiens, qui sont plutôt des blancs. Et puis, leur apparence très diverse les a fait séparer en plusieurs groupes que les classifications placent même souvent en des chapitres différents. Il y a les Australiens, qui ne sont évidemment pas des nègres typiques, mais qui sont loin aussi d’être homogènes, et beaucoup d’entre eux sont décidément négroïdes. Il y a les Mélanésiens dont on distingue encore tout un ensemble sous le nom de Papous. Ce dernier mot est une corruption du mot malais Pouapoua, qui veut dire crépu ; cette désignation met en relief un caractère nègre qui marche avec la couleur très foncée de la peau, mais beaucoup d’auteurs, donnent comme signe propre du Papou, un nez saillant et aquilin.

Il y a en effet à la Nouvelle-Guinée (et j’ai eu occasion de le retrouver aux îles de la Sonde Orientale qui en sont le plus proches), un nez très particulier, en bec d’oiseau de proie, ornant certains faciès dont le reste est assez négroïde. Mais dans les îles de la Sonde, au moins Florès, Solor, Timor, j’ai vu cet appendice nasal voisiner dans une même tribu, dans une même famille, avec des nez fortement aplatis. Les chevelures se présentent de leur côté en assortiments fort étendus. J’ai photographié dans un village de Florès un groupe de 6 sujets, rassemblés par le hasard, qui présentent une gamme complète, depuis le cheveu frisé à petites boucles, presque crépu, jusqu’au cheveu à peine ondulé.

Sur toutes les photographies que j’ai eu l’occasion de voir, on retrouve pour les Papous la même impression de mélange, quoique la proportion de sang noir y paraisse en général plus considérable que dans les îles de la Sonde, où naturellement s’accuse davantage l’influence des races de la Malaisie, Malais proprement dits ou Indonésiens.

Les Mélanésiens autres que les Papous donnent aussi une impression de métissage ; parmi les collections de photographies, il faut chercher pour trouver des groupes où le caractère nègre soit franchement marqué sur tous les sujets. Alors, c’est sensiblement du Nègre tel que nous l’avons défini, mais encore un peu atténué.

Par exemple, la classique chevelure en vadrouille, caractéristique des Papous, nous la connaissons ailleurs comme produit d’un métissage certain entre nègres africains authentiques et diverses autres races[1].

  1. Je note, en passant, que la chevelure des Abyssins, si l’on fait abstraction d’un mode d’arrangement artificiel, est tout à fait comparable à la vadrouille des Papous.