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Page:Laplace - Œuvres complètes, Gauthier-Villars, 1878, tome 10.djvu/226

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d’archal ; dans le cas, au contraire, où nous jugions que le dégagement ou réabsorption seraient successifs et dureraient un certain temps, nous nous servions du condensateur électrique imaginé par M. de Volta ; on sait que cet appareil, qu’il a présenté depuis peu à l’Académie et dont il lui a développé la théorie, à la propriété d’accumuler la matière électrique et d’en rendre sensible de très petites quantités qui auraient échappé si l’on eût employé tout autre instrument ; nous nous sommes également servis, dans nos dernières expériences, de l’électromètre que M. de Volta a présenté à l’Académie, et qui est à peu près le même que celui de M. Cavallo ; il a l’avantage, non seulement d’être très sensible, mais encore de faire connaître si l’électricité est positive ou négative.

Ayant mis dans un bocal à large ouverture de la limaille de fer, nous avons versé dessus de l’acide vitriolique étendu d’environ trois parties d’eau. Il y a eu une vive effervescence, un dégagement rapide et abondant d’air inflammable, et, au bout de quelques minutes, le condensateur électrique de M. de Volta a été tellement chargé d’électricité, que nous en avons tiré une assez vive étincelle ; l’électromètre nous a fait connaître que l’électricité était négative.

Ayant versé pareillement de l’acide vitriolique un peu plus faible dans quelques bocaux qui contenaient de la craie en poudre, il s’est fait un dégagement d’air fixe très rapide ; le condensateur et l’électromètre nous ont indiqué une électricité négative, moindre cependant que dans l’expérience précédente, et sans étincelle sensible.

La production de l’air nitreux nous a donné un résultat semblable : pour augmenter l’effet, nous avons opéré, dans cette expérience, sur six bocaux à la fois qui contenaient de la limaille de fer, et nous avons versé dessus de l’acide nitreux, affaibli avec environ deux parties d’eau ; l’effervescence et la production d’air ont été extrêmement rapides, et nous avons eu en même temps des signes non équivoques d’une électricité négative ; mais, comme les circonstances dans lesquelles nous avons fait cette dernière expérience n’étaient pas favorables, elle était très faible.