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MÉMOIRE SUR LA FIGURE DE LA TERRE.

émaner la force principale qui retient cet astre dans son orbite ; ainsi, pour comparer la théorie aux observations, il faut les réduire au centre de gravité de la Terre, ce qui suppose une connaissance au moins fort approchée de la longueur des rayons menés de ce point à sa surface. La Terre étant à très peu près sphérique, la variation des parallaxes, dépendante de sa figure, est inappréciable par rapport au Soleil et aux planètes ; mais elle est sensible relativement à la Lune : elle serait de plus de secondes si l’aplatissement de la Terre était comme plusieurs astronomes le supposent. Cette quantité n’est point à négliger et demande à être déterminée avec soin, dans l’état actuel de l’Astronomie, où les observations sont susceptibles d’une grande précision, et dans un temps où la théorie de la Lune est devenue si importante pour la Navigation et pour la Géographie. Je me propose d’exposer dans ce Mémoire ce que les observations et la théorie nous apprennent sur la constitution de la Terre et de déterminer aussi exactement qu’il est possible la figure que l’on doit supposer à cette planète dans le calcul des principaux phénomènes qui en dépendent, tels que la variation de la pesanteur de l’équateur aux pôles, les parallaxes, les éclipses, la précession des équinoxes et la nutation de l’axe terrestre.

II.

Des mesures très multipliées des degrés du méridien et des perpendiculaires à la méridienne donneraient la loi des rayons osculateurs de la surface de la Terre et, par conséquent, la nature de cette surface ; mais ce moyen est impraticable par la multiplicité des mesures qu’il exige : d’ailleurs, on n’aurait ainsi que les rayons osculateurs des continents et des îles, dont la surface n’est qu’une petite partie de celle du globe terrestre. Les observations seules ne peuvent donc pas nous conduire à la vraie figure de la Terre, et, pour y parvenir, il est nécessaire de les combiner avec le principe de la pesanteur universelle.