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SUR L’ÉQUATION SÉCULAIRE DE LA LUNE.

libration ; l’étendue de ce phénomène dépend de la grandeur des inégalités de la Lune ; ainsi les inégalités séculaires de son mouvement s’élevant à plusieurs circonférences, elles semblent devoir nous découvrir à la longue tous les points de son équateur ; mais, en soumettant cet objet à l’analyse, il est facile de s’assurer que l’action de la Terre ramène sans cesse vers son centre le grand axe de l’équateur lunaire, et dirige constamment vers nous la même face de la Lune. C’est en vertu de cette action que les moyens mouvements de cet astre sur lui-même et dans son orbite sont devenus parfaitement égaux, quoiqu’ils aient différé à l’origine ; elle fait participer encore le mouvement de rotation de la Lune aux inégalités séculaires de son mouvement de révolution, à cause de l’excessive lenteur avec laquelle ces inégalités varient.

J’ai donné, dans un autre Ouvrage, la théorie des équations séculaires de Jupiter et de Saturne, et j’ai prouvé qu’elles dépendent de deux grandes inégalités jusqu’à présent inconnues, et dont la période est d’environ neuf cent d\mu+uit ans. Si l’on réunit ces recherches à celles dont je présente ici les résultats, on aura une théorie complète de toutes les équations séculaires observées par les astronomes dans les mouvements célestes. J’ose espérer que l’on verra avec plaisir ces phénomènes, qui semblaient inexplicables par la loi de la pesanteur, ramenés à cette loi dont ils fournissent une confirmation nouvelle et frappante. Maintenant que leur cause est connue, l’uniformité des moyens mouvements de rotation et de révolution des corps célestes, et la constance de leurs distances moyennes aux foyers des forces principales qui les animent deviennent des vérités d’observation et de théorie. J’ai fait voir ailleurs que, quelles que soient les masses des planètes et des satellites, par cela seul que tous ces corps tournent dans le même sens et dans des orbes peu excentriques et peu inclinés les uns aux autres, leurs inégalités séculaires sont périodiques. Ainsi le système du monde ne fait qu’osciller autour d’un état moyen dont il ne s’écarte jamais que d’une très petite quantité. Il jouit, en vertu de sa constitution et de la loi de la pesanteur, d’une stabilité qui ne