Page:Laplace - Œuvres complètes, Gauthier-Villars, 1878, tome 11.djvu/35

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
21
MÉMOIRE SUR LA FIGURE DE LA TERRE.

erreur sensible, les éclipses et tous les phénomènes dépendants des parallaxes, dans la supposition où la Terre est un ellipsoïde de révolution dont les axes sont dans le rapport de à quant à la manière de faire entrer l’ellipticité de la Terre dans le calcul de ces phénomènes, la méthode dont M. du Séjour a fait usage dans ses savants Mémoires sur les éclipses me paraît être la plus directe, la plus générale et la plus simple que l’on puisse désirer.

XI.

Le phénomène le plus remarquable qui dépende de la figure et de la constitution de la Terre est celui de la précession des équinoxes et de la nutation de l’axe terrestre ; il est d’autant plus important d’examiner comment il se lie avec les déterminations précédentes, qu’il est incompatible avec l’ellipticité que l’on a supposée à la Terre, d’après les mesures des degrés de France et du Nord. Dans son bel Ouvrage sur la précession des équinoxes, M. d’Alembert a observé que, quelques hypothèses que l’on fasse sur la densité des couches terrestres supposées elliptiques, il est impossible de concilier l’ellipticité à la surface avec les quantités observées de la précession et de la nutation. Ce grand géomètre n’a pas cru cependant devoir abandonner l’hypothèse de l’ellipticité de la Terre ; mais il pense que, cette planète étant recouverte en grande partie par la mer, ce fluide ne peut pas, à raison de sa mobilité, influer sur la précession et la nutation, et qu’ainsi, dans le calcul de ces phénomènes, on ne doit tenir compte que de l’action du Soleil et de la Lune sur le noyau solide que la mer recouvre. On peut former alors, sur l’aplatissement de ce noyau, une infinité d’hypothèses qui concilient les quantités observées de la précession et de la nutation avec l’ellipticité à la surface de la mer ; mais, ayant déterminé avec soin les oscillations de la mer et sa réaction sur le noyau terrestre, j’ai fait voir qu’il ne fallait pas la négliger dans la théorie de la précession et de la nutation, que les quantités de ces deux mouvements sont exactement les mêmes que si la mer for-