Page:Laplace - Œuvres complètes, Gauthier-Villars, 1878, tome 13.djvu/161

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dération, jointe à celle delà régularité des couches terrestres prouvée par les expériences du pendule, indique avec une grande probabilité qu’en vertu d’une chaleur excessive toutes les parties de la Terre ont été primitivement fluides.

Le système du sphéroïde terrestre et des fluides qui le recouvrent est troublé par les actions du Soleil et de la Lune, qui changent continuellement la position de son équateur. L’explication de ce changement observé sous les noms de précession et de nutation est, à mon sens, le résultat le plus frappant et le moins attendu de la découverte de la pesanteur universelle. Les anciens avaient bien connu que la cause du flux et du reflux de la mer réside dans ces deux astres. Kepler avait conclu, de ce phénomène et des lois des mouvements célestes, l’attraction mutuelle de toutes les parties de la matière. Mais personne avant Newton n’avait soupçonné la cause de la précession des équinoxes, cause d’autant plus cachée qu’elle dépend de l’aplatissement de la Terre, inconnu jusqu’alors. La manière dont ce grand géomètre a déduit la précession de l’ellipticité du sphéroïde terrestre et de la théorie du mouvement rétrograde des nœuds de l’orbe lunaire, deux choses qu’il avait tirées de sa découverte, cette manière, dis-je, quoique inexacte à plusieurs égards, est un des plus beaux traits de son génie.

Le plan du maximum des aires, dont j’ai introduit la considération dans la dynamique et ce maximum lui-même étant déterminés par l’état primordial du système, la théorie connue de la variation des arbitraires conduit facilement aux équations différentielles du mouvement de ce plan. On parvient ainsi aux expressions très simples de la précession et de la nutation que j’ai données dans le cinquième Livre de la Mécanique céleste [1]. À la vérité, le plan du maximum des aires n’est pas rigoureusement celui de l’équateur ; mais on voit, a priori et par l’analyse exposée dans le quatrième Livre de la Mécanique céleste, que la pesanteur ramenant sans cesse vers l’équilibre

  1. Œuvres de Laplace, T. II.