Page:Laplace - Œuvres complètes, Gauthier-Villars, 1878, tome 13.djvu/162

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les fluides qui recouvrent le sphéroïde terrestre et ne leur permettant de faire que de légères oscillations autour de cet état, les deux plans du maximum des aires et de l’équateur ne diffèrent jamais l’un de l’autre que de quantités insensibles. Le plan de ce maximum ne changerait pas si toutes les parties du système venaient à s’unir fixement entre elles ; la considération de ce plan montre donc avec évidence que la précession et la nutation sont les mêmes que si la mer et l’atmosphère formaient une masse solide avec le sphéroïde terrestre. La pesanteur est le lien qui les unit au sphéroïde et qui lui transmet les impressions qu’elles reçoivent des attractions du Soleil et de la Lune.

Les lois de la Mécanique et de la pesanteur universelle suffisent donc pour donner à la mer un état ferme d’équilibre qui n’est que très peu altéré par les attractions célestes. Sa pesanteur qui la ramène sans cesse vers cet état et sa densité moindre que celle de la Terre, conséquences nécessaires de ces lois, sont les véritables causes qui la contiennent dans ses limites et l’empêchent de se répandre sur les continents, condition nécessaire à la conservation des êtres organisés. La nécessité de cette condition pourrait paraître une raison suffisante de son existence, mais on doit bannir de la Philosophie naturelle ce genre d’explications qui en arrêterait infailliblement les progrès. Il faut rattacher autant qu’il est possible les phénomènes aux lois de la nature et savoir s’arrêter quand ce but ne peut pas être atteint, se rappelant toujours que la vraie marche de la Philosophie consiste à remonter, par la voie de l’induction et du calcul, des phénomènes aux lois et des lois aux forces.

Je termine ces recherches par la considération du mouvement du système formé de la Terre et de la Lune. En rapportant ce système à son plan invariable je fais voir qu’abstraction faite de l’action du Soleil, le nœud ascendant de l’orbe lunaire sur ce plan coïncide toujours avec le nœud descendant de l’équateur terrestre et que ces nœuds ont un mouvement rétrograde uniforme, les plans de l’orbe lunaire et de l’équateur conservant sur le plan invariable des incli-