Page:Laplace - Œuvres complètes, Gauthier-Villars, 1878, tome 13.djvu/218

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facile si l’on y regarde comme autant de données certaines les coefficients sur lesquels la théorie ne laisse point d’incertitude, et les rapports qu’elle indique avec précision entre ces coefficients. Par ce moyen, on diminuera considérablement le nombre des coefficients à déterminer par la comparaison des observations ; ce qui simplifiera le calcul et donnera plus de précision à ses résultats. On perfectionnera ainsi, par la combinaison des observations et de la théorie, les Tables du mouvement lunaire en longitude. À l’égard des Tables de la latitude et de la parallaxe, je pense qu’il convient de les former par la théorie.

Les auteurs des deux pièces ont considéré les inégalités à longues périodes, que j’ai indiquées dans le septième Livre de la Mécanique céleste ; mais, à cet égard, leur analyse est incomplète. Les hautes montagnes de l’Asie et son plateau élevé peuvent avoir, sur l’inégalité qui dépend de la différence des deux hémisphères terrestres, une influence qu’il était intéressant d’apprécier, mais que j’ai trouvée insensible, comme on le verra dans le Mémoire suivant. La petite altération que les astronomes ont cru remarquer dans le moyen mouvement de la Lune est le seul point de sa théorie qui reste à éclaircir. Les observations futures, en constatant son existence, fixeront sa valeur. Heureusement, dans l’intervalle d’un demi-siècle, cette inégalité peut se confondre avec le moyen mouvement. Ainsi, tant qu’elle ne sera pas bien connue, il suffira aux besoins de la navigation de rectifier, de demi-siècle en demi-siècle, le moyen mouvement lunaire. Mais, quand son existence sera certaine, la Science aura besoin d’en connaître la cause. Les mouvements des planètes et des satellites sont-ils sensiblement altérés par l’attraction des comètes et par le choc de petits corps semblables aux aérolithes que nous voyons tomber sur la Terre et qui paraissent venir des profondeurs de l’espace céleste ? C’est ce que l’imperfection des observations anciennes ne permet pas de décider ; mais un siècle au plus d’observations précises éclaircira ce point important du Système du monde.


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