Page:Laplace - Œuvres complètes, Gauthier-Villars, 1878, tome 2.djvu/329

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Les phénomènes des intervalles des marées ne s’accordent pas moins avec la théorie que ceux de leurs hauteurs. Suivant cette théorie, le retard des marées d’un jour à l’autre est environ deux fois moindre à leur maximum vers les syzygies qu’à leur minimum vers les quadratures ; il est de minutes à peu près dans le premier cas, et de minutes dans le second. On a vu, dans les no  35 et 39, que les observations s’éloignent fort peu de ces résultats de la théorie.

Le retard des marées varie avec les déclinaisons des astres ; il doit être plus grand vers les syzygies des solstices que vers celles des équinoxes, dans le rapport de à  ; vers les quadratures des équinoxes, il doit être plus grand que vers celles des solstices, dans le rapport de à On a vu, dans les no  36 et 39, que les observations donnent à peu près ces mêmes rapports.

Les distances de la Lune à la Terre influent sur le retard des marées. Suivant la théorie, minute d’accroissement dans le demi-diamètre de la Lune donne secondes d’accroissement dans ce retard vers les syzygies, et secondes seulement vers les quadratures, et l’on a vu, dans les nos 37 et 40, que cela est d’accord avec les observations qui confirment ainsi, sous tous les rapports, la loi de la pesanteur universelle. J’ai insisté sur le flux et le reflux de la mer, parce qu’il est, de tous les résultats des attractions célestes, le plus près de nous, et que nous pouvons à chaque instant en reconnaître les lois. J’espère que la théorie que je viens de présenter de ses phénomènes déterminera les observateurs à les suivre dans les ports favorables à ce genre d’observations, tels que celui de Brest. Des observations exactes et continuées pendant une période du mouvement des nœuds de la Lune fixeront avec précision les éléments de la théorie du flux et du reflux de la mer, et peut-être feront connaître les petits flux partiels dépendants de la quatrième puissance inverse de la distance de la Lune à la Terre, phénomènes enveloppés jusqu’ici dans les erreurs des observations.


Séparateur