Page:Laplace - Œuvres complètes, Gauthier-Villars, 1878, tome 4.djvu/22

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ce double phénomène, Lexell a remarqué qu’en 1767 et 1779 cette comète a passé fort près de Jupiter, dont l’action a pu diminuer, en 1767, sa distance périhélie, au point de rendre la comète visible de la Terre, en 1770, d’invisible qu’elle était auparavant ; et, par un effet contraire, cette action a pu, en 1779, accroître sa distance périhélie de manière à rendre la comète dorénavant invisible. Mais cette explication suppose que les éléments de l’orbite de la comète, déterminés par ses positions observées en 1770, satisfont aux deux conditions précédentes, du moins en ne faisant à ces éléments que des corrections très-légères, comprises dans les limites des altérations que l’attraction des planètes a pu y produire : c’est ce qui résulte de l’application de mes formules aux perturbations de la comète par l’action de Jupiter à ces deux époques. La possibilité du double changement de la distance périhélie aux mêmes époques étant ainsi établie, l’explication donnée par Lexell devient très-vraisemblable.

De toutes les comètes observées, la précédente est celle qui a le plus approché de la Terre ; elle a dû, par conséquent, en éprouver des altérations sensibles. Je trouve, en effet, que l’action de la Terre a augmenté de deux jours sa révolution sidérale ; mais la comète, en réagissant sur la Terre, a dû pareillement altérer la durée de l’année sidérale : l’Analyse fait voir qu’elle serait diminuée de la neuvième partie d’un jour si la masse de la comète égalait celle de la Terre. Les recherches que Delambre vient de faire pour perfectionner les Tables du Soleil ne permettent pas d’attribuer à l’action de la comète une diminution de trois secondes dans cette durée ; nous sommes donc bien certains que la masse de la comète n’est pas la cinq-millième partie de celle de la Terre. En général, la correspondance des observations avec les mouvements des planètes et des satellites, déterminés en n’ayant égard qu’à l’action mutuelle de ces corps, nous prouve que, malgré le grand nombre de comètes qui traversent dans tous les sens le système planétaire, leur attraction a été jusqu’à présent insensible ; ainsi leurs masses doivent être d’une petitesse extrême, et les astronomes n’ont aucune raison de craindre qu’elles puissent nuire à l’exactitude de leurs Tables.