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MÉCANIQUE CÉLESTE.

CHAPITRE II.
de la libration de la lune.

Notice historique des travaux des astronomes et des géomètres sur cet objet.

5. Les anciens avaient reconnu que la Lune nous présente toujours la même face dans son mouvement autour de la Terre ; mais, loin de s’en étonner, ils regardaient ce phénomène comme naturel à tout corps qui circule autour d’un centre. Cette erreur, ou plutôt cette illusion, força Copernic, pour maintenir le parallélisme de l’axe terrestre, à donner à cet axe un mouvement annuel contraire au mouvement de la Terre dans son orbite et assujetti aux mêmes inégalités, ce qui compliquait beaucoup son système. Kepler remarqua le premier que l’axe de rotation d’un globe doit conserver toujours de lui-même une situation parallèle dans les divers mouvements du centre de ce globe. Par cette remarque, le système de Copernic est devenu plus simple, ce qui lui est arrivé constamment par les progrès successifs de l’observation, de l’Analysé et de la Dynamique, progrès qui l’ont enfin élevé au plus haut degré de simplicité et de certitude. En étendant la remarque de Kepler à la Lune, le phénomène suivant lequel cet astre nous présente toujours le même hémisphère, et qui semblait si naturel, devenait très-difficile à expliquer. Il fallait admettre une égalité rigoureuse entre la durée de la rotation de la Lune et la durée de sa révolution autour de la Terre, égalité dont il était impossible alors d’entrevoir la cause.