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LIVRE XIV

Galilée reconnut, par des considérations tirées de l’Optique, que l’hémisphère visible de la Lune varie sans cesse par le changement de sa parallaxe de hauteur et de sa latitude, et il s’en assura par l’observation.

Riccioli reconnut la libration en longitude, qu’il expliqua, ainsi qu’Hevelius, par la supposition que la Lune présente toujours la même face au centre de son orbite, ce qui ne donne que la moitié de cette libration si l’on considère l’orbite comme une ellipse, mais ce qui la donne tout entière si l’on considère, avec Riccioli, cette orbite comme un cercle excentrique. Newton, dans une Lettre écrite à Mercator en 1675, donna une explication semblable, en faisant mouvoir uniformément la Lune autour de son axe de rotation, pendant qu’elle se meut inégalement autour de la Terre ; mais il supposait l’axe de rotation perpendiculaire à l’écliptique. Enfin, Dominique Cassini reconnut par l’observation que cet axe est incliné à l’écliptique et que ses nœuds coïncident toujours avec les nœuds de l’orbite lunaire, en sorte que les pôles de cette orbite, de l’écliptique et de l’équateur lunaire sont constamment sur un même cercle de latitude, le pôle de l’écliptique étant entre les deux autres. Cassini, par cette découverte, l’une des plus importantes qu’il ait faites, et qu’il publia en 1693 dans son Traité de l’origine et des progrès de l’Astronomie, compléta la théorie astronomique de la libration de la Lune.

En 1748, Tobie Mayer confirma la théorie de Cassini par une suite nombreuse d’observations, dont il calcula les résultats suivant un procédé fort ingénieux ; seulement il trouva l’inclinaison de l’équateur lunaire à l’écliptique moindre que Cassini ; mais il assure que des observations faites du temps de ce grand astronome donnent l’inclinaison qu’il trouva en 1748.

Lalande, en 1764, parvint, au moyen de nouvelles observations, aux résultats de Mayer. MM. Bouvard et Arago voulurent bien, à ma prière, entreprendre en 1806 une nouvelle suite d’observations, qui fut continuée par MM. Bouvard et Nicollet, et qui, par le nombre et la précision des observations, surpasse les précédentes et confirme l’invaria-