Page:Laplace - Œuvres complètes, Gauthier-Villars, 1878, tome 7.djvu/90

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hauteurs du baromètre, il est naturel de penser que des observations multipliées de ces hauteurs doivent manifester l’influence de la chaleur solaire. En effet, on a depuis longtemps reconnu à l’équateur, où cette influence paraît être la plus grande, une petite variation diurne du baromètre, dont le maximum a lieu vers 9 heures du matin et le minimum vers 4 heures du soir. Un second maximum a lieu vers II heures du soir et le second minimum vers 4 heures du matin. Les oscillations de la nuit sont moindres que celles du jour, dont l’étendue est de deux millimètres. L’inconstance de nos climats n’a point dérobé cette variation à nos observateurs, quoiqu’elle y soit moins sensible qu’entre les tropiques. En appliquant les formules de probabilité aux observations nombreuses et précises faites par Ramond pendant plusieurs années consécutives, on voit qu’elles indiquent l’existence de ce phénomène avec une extrême probabilité. Ces observations lui ont fait découvrir encore une variation dans le baromètre, dépendante des saisons. Il trouve sa hauteur moyenne de chaque mois, à son premier maximum peu après le solstice d’hiver, et à son premier minimum en avril ; un second maximum a lieu vers le solstice d’été, et le second minimum en septembre. L’Analyse nous montre que ces résultats sont déjà indiqués avec vraisemblance ; ils sont confirmés d’ailleurs par d’autres observations. La suite des temps fera connaître si les mois des plus grandes et des plus petites hauteurs sont les mêmes dans les climats divers. Ces variations annuelles et diurnes du baromètre sont dues sans doute, ainsi que les vents alizés et les moussons, à la chaleur solaire combinée avec le mouvement de rotation de la Terre. Mais il est presque impossible de soumettre au calcul des effets aussi compliqués.

On peut encore, par l’Analyse des Probabilités, vérifier l’existence ou l’influence de certaines causes dont on a cru remarquer l’action sur les êtres organisés. De tous les instruments que nous pouvons employer pour connaître les agents imperceptibles de la nature, les plus sensibles sont les nerfs, surtout lorsque des causes particulières exaltent leur sensibilité. C’est par leur moyen qu’on a découvert la faible