CHAPITRE PREMIER
Le spectacle du ciel dut fixer dans tous les temps, l’attention
des
hommes, sur-tout dans ces heureux climats où la sérénité de l’air
invitoit à l’observation des astres. On eut besoin pour l’agriculture,
de distinguer les saisons, et d’en fixer le retour : on ne tarda
pas à reconnoître que le lever et le coucher des principales
étoiles,
au moment où elles se plongent dans les rayons solaires, ou quand
elles s’en dégagent, pouvoient servir à cet objet. Aussi voit-on
chez presque tous les peuples, ce genre d’observations remonter
jusqu’aux temps dans lesquels se perd leur origine. Mais
quelques
remarques grossières sur le lever et le coucher des étoiles, ne
formoient point une science ; et l’astronomie n’a commencé qu’à
l’époque où les observations antérieures ayant été recueillies
et
comparées entr’elles, et les mouvemens célestes ayant été suivis
avec plus de soin qu’on ne l’avoit fait encore ; on essaya de
déterminer
les loix de ces mouvemens. Celui du soleil dans un orbe
incliné à l’équateur, le mouvement de la lune, la cause de ses
phases
et des éclipses, la connoissance des planètes et de leurs
révolutions,
la sphéricité de la terre et sa mesure, ont pu être l’objet de
cette
antique astronomie ; mais le peu de monumens qui nous en reste,
est insuffisant pour en fixer l’époque et l’étendue. Nous
pouvons
seulement juger de sa haute antiquité, par les périodes
astronomiques
qui nous sont parvenues, par quelques notions justes des
Caldéens et des Égyptiens sur le systême du monde, et par le
rapport
exact de plusieurs mesures très-anciennes, à la circonférence
de la terre. Telle a été la vicissitude des choses humaines, que
celui des arts, qui peut seul transmettre à la postérité, d’une
manière