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Scène IV.
Mme MADOU, Mme BEURREFONDU, dans leurs étals. CROÛTE-AU-POT, en marmiton, avec un panier, entre de droite.
CROÛTE-AU-POT, entrant.[1]
PREMIER COUPLET.
- Ma Ciboulette,
- Que l’amour guette,
- Ah ! viens en cachette
- Écouter ma voix tendre,
- Qui seul’pourra t’apprendre,
- Loin de tout jaloux,
- Ce secret si doux !
- Combien mon cœur, rempli d’émoi,
- Bat près de toi, de toi, de toi !
DEUXIÈME COUPLET.
- Ma Ciboulette,
- Ma Ciboulette,
- Combien je regrette
- De ne pouvoir te dire,
- Dans mon cruel martyre,
- Mes affreux tourments
- De tous les instants !
- Combien mon cœur, rempli d’émoi,
- Bat près de toi, de toi, de toi !
Mme MADOU, qui a aperçu Croûte-au-Pot, à part.
C’est lui ! ô mon cœur !
Mme BEURREFONDU, de même.
Croûte-au-Pot ! oh ! j’ai des fourmis dans les mollets !…
CROÛTE-AU-POT, à lui-même.
J’ai laissé mon gâte-sauce à la broche et mon mitron dans la friture… Ô amour ! tu me fais négliger mes ragoûts !… Mais Ciboulette est si jolie !…
Mme MADOU, faisant une gracieuse révérence.
Vot’ servante, jeune homme.
Mme BEURREFONDU, de même.
Bien la vôtre, monsieur Croûte-au-Pot.
CROÛTE-AU-POT, distrait.
Bonjour, mesdames, bonjour ! (À part.) Pas encore arrivée, à neuf heures… Ah ! Ciboulette, vous mettez mon cœur à une sauce bien piquante !
Mme MADOU, arrangeant ses jupons, à part.
Arrangeons mon casaquin.
Mme BEURREFONDU, très-aimable.
Qu’est-ce qu’il vous faut à ce matin, jeune homme ?
CROÛTE-AU-POT.
Rien, mame Beurrefondu, toutes mes provisions sont faites.
Mme MADOU.
Il n’y a rien dans votre panier ; voulez-vous des navets frais comme la rosée ?
CROÛTE-AU-POT.
Je n’en ai pas besoin.
- ↑ Madou assise, Croûte-au-Pot, Beurrefondu assise.