Page:Lapointe - Une voix d’en bas - Échos de la rue, 1886.djvu/14

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

le monde des lettres. Du bruit, voilà tout. À cette heure où j’écris, elles sont à peu près oubliées : mes amis m’affirment qu’il n’est pas hors de propos de les rappeler. J’y consens.

Malgré les encouragements de la presse, qui a bien voulu s’occuper quelquefois de mes vers, je ne me suis guère abusé sur leur propre mérite.

En les examinant de plus près, j’ai compris l’obligation et la reconnaissance dont j’étais redevable envers la critique, souvent bienveillante lorsque l’esprit de parti ne trouble pas ses jugements.

On disait alors que la poésie venait de passer armes et bagages au prolétariat, nouveauté qui, d’autre part, ne manqua pas de soulever de foudroyantes protestations dans lesquelles on accusait nos amis d’avoir une tendresse exagérée pour ces culots des muses.

Ceci pouvait bien être.

La Revue des Deux Mondes se montra tout particulièrement hostile aux productions de ces derniers venus, lesquels, du reste, n’y allaient pas de main morte dans les revendications des droits populaires.

L’ouvrier-poète fut très exploité par les libéraux de 1840. Il est bien vrai qu’alors les honnêtes artisans songeaient à s’élever dans l’admiration et dans les traditions de nos gloires nationales, ayant surtout le culte des grandes choses et témoignant la plus