Page:Lapointe - Une voix d’en bas - Échos de la rue, 1886.djvu/15

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vive admiration pour les hommes illustres qui ont honoré l’humanité par leur talent et par leur caractère.

Après m’être mis en garde contre les entraînements de la vanité, il m’était bien permis aussi de me tenir en garde contre la mauvaise humeur de quelques braves gens qui, à l’apparition des Échos de la rue (1850), prétendaient que mes vers avaient singulièrement pâli, comparés à mes premières productions. Il est vrai que j’avais cru nécessaire de mettre un frein aux emportements d’une muse parfois trop âcre, et les amis de se récrier. À les entendre, je n’étais plus du peuple ; j’étais tout simplement « un bourgeois » un monsieur — pourquoi pas ? — un peu plus, ils me dénonçaient parnassien. Il y en eut qui allèrent jusqu’à me menacer de l’Académie. Flatteurs !

Je dus donc m’étudier à choisir entre toutes les critiques, non celles qui égarent la raison en ne satisfaisant que l’amour-propre, mais celles qui éclairent nos jugements ; qui nous apprennent non à gaspiller, mais à faire de nos forces une sage application.

Le sentiment vrai donne le but. L’art l’illumine. La délivrance du prolétariat, voilà ma muse. Beaucoup ont été poètes à moins.

Ouvrier dans la véritable acception du mot, n’ayant guère été plus de dix-huit mois aux écoles chrétiennes, qui n’avaient certes pas acquis la notoriété