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MON PROFIL


Je suis un inconnu sans fortune et sans gloire,
Nullement désireux de vivre dans l’histoire.
Libre dans mon chemin, comme l’oiseau dans l’air,
Pauvre, sans avenir, sans haine, sans envie,
Déroulant à qui veut le roman de ma vie,
Du sort jaloux je méprise l’éclair.

On le sait, j’appartiens à la tourbe aguerrie.
Qui donne pour sept sous son sang à la patric ;
Pour un crouton de pain au bout de son collier,
Dans les murs dévorants de l’usine effrayante,
Sur l’étagère ou bien à l’enclume bruyante,
Use ses jours sans les humilier.

Comme François Villon, mon cousin en manique,[1]
Pour école je n’eus que la place publique

  1. « Mon père était cordouennier. » Rondel XI Villon.