Page:Lapointe - Une voix d’en bas - Échos de la rue, 1886.djvu/24

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Et les quatre bâtons qu’on nomme tabouret,
Le comble où l’on chantait : bien battre les semelles
Vaut mieux que de bayer aux beautés éternelles,
Où vingt-cinq ans j’ai vécu du tranchet.

Qu’on soit naturaliste ou qu’on soit romantique,
Fort bien. Chacun son goût, affaire de boutique.
Mais guerre aux larmoyants, à ces désabusés
Qui s’en vont promener, infirmiers ou jocrisses,
Leur cataplasme en vers sur des douleurs factices,
Sur des orgueils qu’ils ont poétisés.

L’infaillibilité n’est pas de mon domaine ;
Je suis un indulgent de la faiblesse humaine.
J’aime bien la vertu ; j’aime mieux la bonté.
Il ne faut pas aller trop loin au fond des choses.
C’est pourquoi je préfère, aux fleurs d’apothéoses,
Les pâles fleurs de la simplicité.

De chaque avènement pour saluer l’aurore,
Dieu sait les mirlitons !… Mon vieux vers tricolore
Brûle sur le tombeau d’un superbe insulté.
On s’en étonne encor… Quand un souverain tombe,
Les pieds ne manquent pas pour outrager sa tombe.
Il est amer, ton peuple, ô liberté !

Sa justice n’est pas toujours sans hérésie.
Je ne saurais rester dans la démocratie,
Si démocratiser n’était pas élever.
Avant de l’écouler aux flots des lacs limpides,
Il faut tirer à clair l’eau des ruisseaux morbides ;
Les agiter, ce n’est pas les laver.

Ainsi c’est entendu : notre nid de lumières,
D’étoiles, de soleils, d’azur, de poussinières,