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Page:Laporte - Émile Zola, 1894.djvu/118

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positivisme, le déterminisme, le naturalisme ne sont que des enfants, plus ou moins émancipés, de Démocrite, d’Épicure et de Lucrèce. L’Homme se pipe », dit Montaigne, mais il se pipe surtout lorsqu’il se matérialise jusqu’à s’animaliser ; qu’est-il, en effet ? un animal moral. Supprimez l’adjectif, il ne reste plus que le substantif. Toute idée a son équivalent moral. À la vie animale correspond le naturalisme ; à la vie indifférente, le positivisme ; à la vie humaine, le spiritualisme. Toute philosophie a sa morale, toute doctrine ses mœurs. Tout homme est une philosophie vivante ; à sa doctrine correspond son genre de vie.

De ces considérations philosophiques, il m’est bien permis, malgré leur brièveté, de conclure que Zola, étant naturaliste, c’est-à-dire matérialiste, dans la pire acception du mot, il ne pouvait pas être un autre écrivain que celui qu’il se défend d’être, un immoral qui, sous le masque de la science, pousse l’analyse anatomique du document bestial jusqu’aux catastrophes irréparables de la contagion. Sous sa plume, trempée de déjections populacières et chargée du pus pestilentiel de toutes les plaies humaines et sociales, le naturalisme est, non seulement l’art de chatouiller et d’exciter les goûts dépravés du public, mais d’enfiévrer et de congestionner leurs appétits sensuels jusqu’à l’hyslérie, jusqu’à la folie érotique. Que Zola