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Page:Laporte - Émile Zola, 1894.djvu/125

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pitudes littéraires. Et, repus et saouls de toute cette matière, nous nous échappons de cette lecture faisandée comme d’un musée Dupuytren, emportant avec nous et en nous, l’odeur et le dégoût de ces dissections anatomiques et l’horreur de ces académies de tripot. Quels nez, quels sens, quels goûts peuvent bien avoir ces grosses et grossières natures — je parle des naturalistes — pour que non seulement ils ne reculent pas, répugnés et dégoûtés, devant cette immonde volupté, mais qu’ils se grisent de ses âpres ardeurs et qu’ils en aient, pour ainsi dire, la chair et le sang en rut, j’espère, pour l’honneur de l’humanité, qu’ils n’apprivoiseront jamais les esprits délicats à cette littérature de ruisseau et qu’ils n’auront jamais comme lecteurs que les névropathes et les curieux qui ont besoin des moxas littéraires et des cantharides naturalistes pour galvaniser un instant leurs cadavres érotiques. Certaines pudeurs sont des questions de mode et de temps, je le veux bien, mais certaines impudeurs n’ont jamais leur temps et ne doivent jamais avoir de mode.

Le naturalisme, par son débraillé lubrique, par sa représentation ou plutôt sa reproduction de l’amour canaille, a plus d’influence encore sur la femme que sur l’homme ; elle se perd, bien plus par l’obscénité qu’elle lit que par l’obscénité qu’elle voit ou qu’elle entend ; elle se garantit de celle-ci par