Page:Laporte - Émile Zola, 1894.djvu/124

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centre de gravitation comme le monde physique ; c’est la science du sens commun qui a pour objet l’analyse et la coordination raisonnée des lois de notre entendement dans toutes leurs applications. Les notions acquises et complétées par cette science ne doivent être ni au-dessus de notre entendement, ni en dehors, ni contraires à ses lois. Mais le monde, disent les célébrateurs du naturalisme, mourrait d’un trop plein de civilisation si tous les quatre ou cinq cents ans l’homme ne revenait pas à la nature, ou plutôt n’y retournait pas. L’humanité échappe-t-elle à la décadence, à la mort, en remontant brusquement à son berceau et en reprenant à rebours le circulus de sa vie morale et intellectuelle ? C’est une hypothèse assez hardie pour qu’on en laisse la responsabilité à Zola ; il n’est pas douteux cependant que, si la rénovation civilisatrice du monde est en raison de la puissance de réaction contre le progrès et d’un retour plus complet à la prime nature, il ne sorte du naturalisme, cet engrais perfectionné de la littérature moderne, une floraison toute particulière de civilisation naturaliste… Pour nous, peu habitués encore à ce genre de culture humanitaire, qu’il nous soit permis de dire qu’après seulement la lecture de quelques pages naturalistes, un immense mal de cœur moral nous envahit et nous donne la souffrance du vomissement âcre et douloureux de toutes ces tur-