Page:Laporte - Émile Zola, 1894.djvu/136

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Comme Zola, en se défendant d’avoir inventé le naturalisme, n’a pas craint de faire remonter une certaine complicité jusqu’à La Bruyère, je n’ai pas été fâché de lui prouver, en citant les textes, que non seulement le grand écrivain n’accepte aucune complicité avec le naturalisme, mais le juge avec autant de sévérité que d’esprit. Son jugement est tellement net et précis, que ce qu’il dit de Théophile, on croirait qu’il l’a écrit pour Zola, cet autre, qui, sans choix, sans exactitude, d’une plume libre et inégale, tantôt charge ses descriptions, s’appesantit sur les détails ; fait une anatomie ; tantôt feint, exagère, passe le vrai dans la nature, en fait le roman…, et le laquais qui siffle, et le malade dans sa garde-robe, et l’homme ivre (Coupeau) qui dort ou qui vomit… Y a-t-il rien de plus naturaliste que ce naturel ? Que nous sommes loin avec Zola de cette définition dans la trilogie du Dante : « La nature, c’est l’art de Dieu ! » L’art, en effet, n’est que le symbole matériel d’une beauté idéale, l’expression sensible d’une nature intelligente.

La lyre peut chanter tout ce que l’âme rêve,


a pris pour épigraphe de sa divine épopée A. Soumet, déclarant ainsi que l’âme, cette immatérielle image de Dieu, ne peut souiller ses rêves en se matérialisant dans la fange du matérialisme. Certes, l’ideal ne doit pas