Page:Laporte - Émile Zola, 1894.djvu/152

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

contre l’hygiène du corps et de l’âme ; elle meurt, vivante mais pourrie, d’une décomposition précédant sa mort. Le peuple n’aime ni le vrai, ni le simple : il aime le roman épicé et le charlatan ; il lui faut la surexcitation de tous les bas appétits et l’amorce de toutes les blagues. On greffe le naturalisme sur l’érotisme immonde ; il ne faut plus de libertinage, il faut le faisandage des êtres et des choses ; il ne suffit plus d’être immoral, tant Zola a perfectionné le genre, il faut être pire !

Si les bonheurs arrivent trop tard dans la vie, les mauvais livres, sur tout ceux qui ont du succès, arrivent toujours trop tôt et ont le tort de n’être pas morts dans le ventre de leur père. Quand on a une pareille littérature dans le ventre, il vaut mieux en crever que d’en empester le public.

« Notre vraie et intime impression, c’est le dégoût, c’est le mépris », écrit un néo-naturaliste dans son journal. L’esprit, pour peu qu’on l’ait délicat, se soulève plus que le cœur contre ces pages, plus pleines encore d’inepties que de saletés. Ce qui domine, avant tout, dans celle mare… d’ordures, c’est l’odeur de la bêtise. Le maître a beau se hausser, se grandir, se percher, il est foncièrement petit, il restera petit. Sans son étiquette littéraire, il serait inconnu ; sans la publicité, son esclave et sa complice, il ne serait… rien — pas même académicien — et