Page:Laporte - Émile Zola, 1894.djvu/151

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

la grande majorité des lecteurs, goûtent surtout les formes exagérées et faisandées en littérature, aussi il a délayé dans son encre la boue la plus fangeuse, il a broyé les couleurs les plus crues, peint les tableaux les plus nus, représenté les scènes les plus ordurières et pimenté les anatomies les plus naturalistes. Son style pittoresque, relevé comme une enluminure, plein d’images prétentieuses et de phrases à effet, éclate, étincelle, léger de science et lourd d’emphase, sans souci de la justesse du mot et de la vérité de son application ; il n’a qu’un but : étonner, épater. Ce qui remue, ce qui frappe fort, ce qui fait du bruit, arrête et intéresse toujours l’attention : un tambour battant faux, mais faisant du bruit comme dix, captivera plus la foule que les notes ailées et savantes du plus célèbre violoniste ; mettez au tambour un habit vert pomme garni d’or et d’argent, une culotte passementée bleue, une épée d’acier au côté, un panache multicolore sur la tête et n’importe quoi de visible au fond de la culotte, il n’y aura pas assez de place pour les curieux : on se poussera, on se pressera, on se battra, et pour voir quoi ? Zola, le tambour-major du naturalisme. Dans le roman, c’est encore le plus débraillé et le plus cynique qui tient et détient le succès. La société s’en va par le matériel, elle s’en va par le moral. La vie sociale évolutionne dans le matérialisme, elle est la victime de sa révolte