Page:Laporte - Émile Zola, 1894.djvu/187

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refaire ce qu’il appelle un « plan définitif ». C’est-à-dire qu’il prend, dans le plan primitif, toutes les notes amassées et qu’il les combine, les met en œuvre dans l’ordre nécessité par la déduction des chapitres déjà écrits et par l’effet littéraire qu’il veut tirer du chapitre à écrire. C’est un peu, alors, comme s’il arrêtait la mise au point et la marche d’un acte de drame, dont il n’aurait réuni d’abord que les matériaux. Et cela va d’un bout du roman à l’autre, à mesure qu’il passe d’un chapitre au suivant.

Enfin, je ferai remarquer que ce système de composition par sédiments successifs se continue au fur et à mesure qu’il écrit son livre, car le plan des chapitres futurs reste toujours ouvert, et il y reporte sans cesse les notes recueillies en chemin. Ainsi lorsque, dans un chapitre, une note n’a pu être employée, parce qu’elle n’arrivait pas à sa place, il la rejette dans un des chapitres suivants, à l’endroit où il sent qu’elle se casera d’une façon logique. En outre, pendant qu’il écrit, il découvre parfois tout d’un coup que tel événement dont il s’occupe, que tel parole qu’il prête à un personnage, doivent avoir plus loin un retentissement. Et, pour ne pas perdre cette brusque illumination, il l’inscrit séance tenante sur la feuille de papier qui lui sert d’appui-main ; puis, le chapitre fini, il dépouille l’appui-main et reporte les notes qui s’y trouvent dans les