Page:Laporte - Émile Zola, 1894.djvu/190

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sard, une époque ou une suite d’événements ; ils sont le produit de cette époque, le résultat de ces événements, et ils vont fatalement à un but.

— Il est incontestable, dis-je à M. Zola, que vos romans sont surtout le résultat de l’observation. Vous avez suivi chacun de vos personnages pas à pas, vous avez étudié sa vie, disséqué ses passions, diagnostiqué son mal. Ainsi, moi, que le métier de reporter oblige à connaître la vie intime, secrète des personnages qui roulent sur le boulevard cet écrasant rocher de Sisyphe qui se nomme l’Importance et le Désœuvrement, je pourrais mettre un nom à tous les personnages de vos romans parisiens, — de Nana, par exemple. Cependant il m’apparaît que tous ces types n’appartiennent pas à la simple observation.

— La légende, reprit vivement M. Zola, veut que je n’aie été qu’un scrupuleux photographe, doublé d’un détestable faiseur de bons mots. On a rapproché les noms de mes personnages de ceux de gens fort connus de tous, — excepté de moi. Peu importait d’ailleurs que, entre ceux-ci et ceux-là, il y eût ou non ressemblance de caractères ! La similitude de noms suffisait, si bien qu’en réalité on m’en a cru réduit à faire des calembours. Vous avouerez que ce n’est guère flatteur !

Cette question de la création des person-