Page:Laporte - Émile Zola, 1894.djvu/199

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

être qu’une mauvaise épouse et même une mauvaise mère. C’est presque mathématique. Ainsi le chimiste dit : « Deux corps mélangés dans telles proportions formeront un troisième corps qui aura telles propriétés. » Les problèmes sociaux sont moins faciles à résoudre que les problèmes des chimistes et des physiologistes. Il y a des éléments inconnus, quelquefois très importants, qui déconcertent toutes les suppositions. Mais on a plus souvent en face de soi des individualités médiocres et inertes, en proie au caprice des événements, que des individualités douées d’activité et de résistance. Pour les premières la méthode du logicien conduit à des résultats étonnants d’exactitude. Il n’a qu’à calculer les forces qui ont agi sur le patient.

Le contrôle, c’est à peu près la seule expérience possible dans les sciences sociales, à moins qu’on n’expérimente directement sur soi. « Expérimenter sur Coupeau, dit M. Brunetière, ce serait se procurer un Coupeau qu’on tiendrait en charte privée, qu’on enivrerait quotidiennement à dose déterminée, que d’ailleurs on empêcherait de rien faire qui risquât d’interrompre ou de détourner le cours de l’expérience et qu’on ouvrirait sur la table de dissection aussitôt qu’il présenterait un cas d’alcoolisme nettement caractérisé. »

M. Brunetière n’a pas compris. Expérimenter sur Coupeau, c’est, partant d’une idée