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Page:Laporte - Émile Zola, 1894.djvu/204

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embellie par aucun moyen qui ne soit encore de la nature ». Rien n’est plus ennuyeux et souvent plus faux que le train banal de l’existence dans lequel vous moulez toute votre œuvre romancière, comme plus facile à reproduire et plus propre à intéresser le public qui vit de cette existence et à piquer la curiosité de celui qui s’en amuse. — Sans conclusion, point de science ; sans honnêteté, point de génie. « Le vrai génie, a dit Claude Bernard, se distingue par la simplicité et la bonne foi ». Je n’appuie pas, je glisse ; je laisse aux lecteurs honnêtes, aux critiques impartiaux, aux vrais écrivains, le soin de répondre à ces questions : Zola est-il simple d’esprit et grand de cœur ? Est-il naturaliste de bonne foi et de sérieuse conviction littéraire ?

Zola a-t-il du talent ? Comme descripteur, oui ; comme styliste, il faut s’entendre. Si l’emploi de mots communs, grossiers, argotiers, scandaleux, non seulement mis à la porte de l’Académie mais hors de son dictionnaire ; si la répétition de phrases brisées, emphatiques et à effet, si l’abus de couleurs crues, rouge écarlate, vert pomme, jaune serin, avec une certaine sûreté de main, un tour spécial de plume, un chic déluré et canaille dans le ton et dans le son, sont les qualités maîtresses et constitutives du style, Zola est mieux qu’un styliste, il est un ciseleur littéraire ; mais si l’honnêteté du mot,