Page:Laporte - Émile Zola, 1894.djvu/203

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ger l’emploi, ce jeu enfantin de choisir comme personnage un pantin plus grand et comme comparses d’autres plus petits, de les vêtir des premiers morceaux qui tombent sous la main et de les forcer aux gambades les plus étranges en tirant au hasard des doigts leur fil héréditaire, n’est-ce pas prouver son insuffisance à créer des caractères puissants et forts et à donner à ses personnages et à ses peintures cette envolée d’idéal qui éclaire les œuvres vraiment humaines ? Son œil est fait pour regarder en bas et non en haut, il est naturaliste parce qu’il ne peut pas être idéaliste. « Ramasser la réalité et la mettre au point précis de perspective qu’exige l’optique particulière de chaque art ; ce n’est qu’en réduisant, résumant et simplifiant l’ensemble des moyens d’étude et d’observation sur les faits, qui ne sont autre qu’une inévitable convention, qu’on arrive à fixer, par à peu près la réalité » (Brunetière, Le Roman naturaliste, p. 123.) Rien ne nuit autant à la réalité que la réalité elle-même quand le romancier la place surtout dans un milieu psychologique et géographique où la peinture des conditions, la description des habitudes et la trivialité même du langage descendent à des détails bas, orduriers et libertins, ou tout au moins insignifiants et inutiles. « Les détails, a dit Voltaire, sont une vermine qui ronge les grands ouvrages » ; et Shakespeare : « La nature ne peut être