Page:Laporte - Émile Zola, 1894.djvu/30

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la poitrine bombée et provocante ; l’estomac haut ; en un mot, un ensemble viril, mais sombre et taciturne. C’est une de ces figures qui, sans éloigner la sympathie, la déconcertent et la refroidissent : on ne la hait pas, mais on sent qu’on ne peut l’aimer. Il a la physionomie de l’orgueil ; peut-être vaudrait-il mieux être orgueilleux que de le paraître : l’orgueilleux de caractère n’irrite que lorsqu’il se fait connaître, celui de physionomie irrite toujours. La physionomie provoque continuellement, le caractère ne le fait que lorsqu’il parle.

Il vaut mieux se donner le ridicule d’exagérer sa modestie que d’avoir le ridicule de surfaire son mérite. Je complète son portrait par ces lignes, qu’il se consacre dans le Roman expérimental, p. 365 : « Je ne me sens pas gai du tout, pas aimable, pas polisson, incapable de chatouiller les dames. Je suis un tragique qui se fâche, un broyeur de noir que le cocuage ne déride pas, et c’est mal connaître les lois de l’hérédité que de vouloir asseoir sur mes genoux d’homme hypocondre cet aimable poupon enrubanné (le Gil Blas) qui fait déjà des farces avec sa nourrice. Le Gil Blas, enfant de l’Assommoir et de Nana, mais grand Dieu, c’est Jérémie accouchant de Piron. »

Voilà, d’après les apparences, pour le physique.

Au moral, c’est-à-dire littérairement,