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l’histoire sociale et naturelle, augmentée d’un arbre généalogique, a été écrite en vingt volumes in-18 jésus, il semble que l’enfant de tant de vices, que l’héritier de tant de crimes, ne pouvait-être qu’un coupable. « Ah ! notre famille, que va-t-elle donner ? à quel être aboutira-t-elle enfin ? Qui savait d’où naîtrait la branche saine ? Peut-être le sage, le puissant attendu, germerait-il là ? » (Docteur Pascal, p. 338)… Ce fils né des enlacements terribles d’un vieillard dévoré par sa continence ascétique, et d’une jeune vierge brûlée par les ardeurs d’une passion longuement attisée, ne devait-il pas être la victime de ses passions… héréditaires, et tout leur sacrifier ? Aimant la science, comme son père, le naïf thérapeute de Plassans, il est venu à Paris, après de brillantes études, pour suivre la même carrière ; il a suivi les cours de l’école de médecine, étonnant ses professeurs par son ardeur à l’étude et ses aptitudes spéciales ; il annonce un savant et un maître ; mais, passionné comme sa mère, et comme elle, aimant l’amour d’enthousiasme pour lui-même, il s’est donné entier, fou, à la première femme qui a mordu sa chair. Cette femme, ou plutôt cette jeune fille, élevée dans le malheur, belle, courageuse et forte, est Adélaïde Lantier, blanchisseuse, 10, rue de Vaugirard ; née à Nouméa, en 1873, elle est la fille de Étienne Lantier, déporté dans cette colonie ; descendante de Gervaise, sa grand’mère,