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une Macquart, elle est la cousine de Émile Rougon, son meurtrier. Installée depuis peu à Paris, où elle a suivi son père amnistié, elle est entrée, pour aider plus vile sa famille, dans une blanchisserie qui a des étudiants pour clientèle principale. En venant chez sa blanchisseuse, l’étudiant Émile Rougon a remarqué la jeune ouvrière et a reçu, en pleine poitrine, le coup foudroyant d’un amour irrésistible ; il s’est empressé, par une mimique que comprennent toutes les femmes, par quelques mots ardents et même par des billets incendiaires, de faire partager sa passion. Mais rien n’y a fait ; éconduit par le silence modeste et par la réserve froide et digne d’Adélaïde, au lieu de renoncer à cet amour, il s’est décidé à le rendre plus provocant et même à l’imposer par tous les moyens.

Cette résolution n’attendait plus qu’une occasion pour éclater terrible et criminelle. Hier, la jeune blanchisseuse montait, à la nuit, 63, rue Monsieur-le-Prince, dans la chambre d’Émile Rougon, pour lui livrer son linge ; le jeune homme, obsédé toujours par son amour, lui en refit l’aveu, dans un accès de folle passion, et la supplia de le partager… Que s’est-il passé alors ? Fût-il violent ? A-t-elle ri de ses prières et de ses rages ? S’est-elle vigoureusement défendue de ses brutalités ? On ne sait… Mais quand un cri suprême de douleur et d’agonie a attiré de nombreux