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de Macquart abominables, que j’échappe aux fatalités de mon hérédité, aux cruautés atavistes de ma naissance ? Trouvez une ligne, un mot… dans cette histoire de ma famille, en vingt volumes, qui puissent inspirer un sentiment généreux, un devoir honnête, enseigner une vertu…, j’accepte avec résignation toute la sévérité de votre verdict, mais n’oubliez pas que ma condamnation est l’acquittement ou plutôt la glorification de toute l’œuvre naturaliste de Zola. »

Aux deux questions posées au jury : Émile Rougon, étudiant en médecine, est-il coupable d’assassinat sur la personne d’Adélaïde Lantier, sa cousine ; y a-t-il eu préméditation du meurtre ? Le chef du jury, après une courte délibération des jurés, a dit : « Sur mon âme et conscience, devant Dieu et devant les hommes, les jurés à l’unanimité, ne pouvant atteindre le vrai coupable, répondent non aux deux questions, déclarant l’accusé irresponsable » ; c’est l’acquittement du meurtrier et la condamnation morale de l’écrivain.

On dit que le chef des naturalistes, désolé de cejugement, se dispose à publier prochainement, en expiation, son pèlerinage à Notre-Dame de Lourdes, son voyage à Rome pour baiser la mule du pape, et enfin son retour triomphal à Paris, trois maîtres ouvrages qui finiront par lui ouvrir les portes de l’Académie.

En attendant, pour se consoler, il lit la