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Page:Laporte - Émile Zola, 1894.djvu/321

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qu’une victime, la plume de l’écrivain en a fait et en fait tous les jours des milliers ; voyez qui vous devez atteindre. Si votre verdict, frappant l’étudiant, épargne l’auteur, vous serez responsables de tous les crimes littéraires du livre et de toutes les victimes que vous aurez abandonnées à ses spéculations littéraires. »

À cette question, faite par le président : « Avez-vous quelque chose à ajouter à votre défense ? » l’accusé a répondu :

« Si j’étais en Angleterre, à la question qui me serait posée : Plaidez-vous coupable ou non coupable, je dirais non coupable ; mais en France, où, tout en proclamant la liberté, on est moins libre, je dis : Ce qui m’étonne, ce n’est pas de me voir assis sur ces bancs, mais c’est de m’y voir seul.

» S’il y a un coupable, celui qui m’a formé au crime, qui m’a mis un poignard à la main, en m’enseignant qu’il n’y avait ni crimes, ni vertus, mais des passions qui font partie de mon moi matériel, et qui ne sont bonnes ou mauvaises qu’autant qu’elles sont pour ou contre mon bonheur matériel, est le seul coupable, le seul responsable de mon acte criminel. « La vie n’a pas craint, dans le défi brave de son éternité, de me créer, moi l’héritier de quatre générations, où fourmille, dans cette humanité pourrie, tant de crimes et de boue, parmi tant de monstres », et vous voudriez, après tant de Rougons terribles, après tant