Page:Laporte - Émile Zola, 1894.djvu/48

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naître à Paris et fut aussitôt transplanté à Aix, où son père, triomphant enfin de tous les obstacles et de toutes les déceptions, finissait par commencer ce canal qui, malgré qu’il n’ait pas été terminé par lui, est désigné par le peuple sous le nom de canal Zola. Tout marchait à souhait, le canal et l’enfant, la fortune même semblait vouloir récompenser sa persévérance et ses travaux, quand le père, frappé, en plein succès, par une fluxion de poitrine, tomba et mourut. Aix, qui conserve ses restes et le souvenir de ses services, a donné son nom à un de ses boulevards.

Madame Zola, enlisée dans les mille difficultés d’une entreprise à ses débuts, plaida et perdit. Ce fut alors la misère progressive, on avait peu la veille, à peine le nécessaire, on eut moins le lendemain ; ce fut la lutte dure et poignante pour le pain de chaque jour. Pendant ce temps de cruelles privations, Émile, choyé, gâté par sa mère et ses grands-parents, sa grand’mère surtout, vaillante beauceronne d’Auneau, robuste et énergique paysanne qui ne craignait ni la peine ni la misère, poussait, jouait, buissonnait et travaillait peu. Sous ce ciel de la Provence, toujours bleu et luisant, qui mord de ses chauds baisers cette terre méridionale, éternellement embaumée de fleurs et de fruits, son corps avait trop à faire pour qu’il restât à son intelligence le temps de faire quelque