Page:Laporte - Émile Zola, 1894.djvu/47

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

péché originel, cette verrue héréditaire que nous ont transmise Adam et Ève ; c’est un plagiat de la Genèse. Zola contrefacteur de la Bible ! pourquoi pas ? C’est une qualité ou un défaut qu’il exploite en grand, sans gêne et sans façon. Il a fait l’honneur à Dante d’imiter sa grandiose épopée, dans ses tentatives avortées de poèmes épiques ; à Alfred de Musset de modeler ses Contes à Ninon sur ses Contes d’Espagne ; à V. Hugo de lui emprunter ses prétentions homériques et ses fracas de style ; à Balzac de transformer sa Comédie humaine en arbre généalogique des Rougon-Macquart ; à Poulot de le détrousser de son Sublime et d’en fabriquer l’Assommoir ; à Claude Bernard, au docteur Lucas, etc., de démarquer leurs termes scientifiques et de les adapter à sa méthode matérialiste ; à Roret de copier tous ses Manuels professionnels et de surcharger ses romans de leurs connaissances spéciales, etc. J’en passe d’autres et de nombreux dont je citerai la collaboration forcée à son œuvre en l’analysant. En voyant combien il a contrefait, imité, démarqué et plagié d’hommes, de systèmes, de découvertes et de livres, on est tenté de croire que ce besoin de spoliation littéraire et scientifique est une nécessité de sa loi de pesanteur, un droit d’hérédité qui lui permet de considérer le bien d’autrui comme le sien propre et de s’en emparer.

Émile Zola ne fit, pour ainsi dire, que