Page:Laporte - Émile Zola, 1894.djvu/59

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cette matière, m’imposaient de toucher ici à ces questions ; l’anatomie de sa science littéraire, l’analyse de ses œuvres et les titres mêmes de ses livres prouveront jusqu’à l’évidence à ses admirateurs que plus que le souci d’une œuvre artistique et durable dans les lettres, l’âpreté du gain et la satisfaction d’un orgueil égoïste l’ont jeté dans toutes les habiletés savantes et dans toutes les compromissions coupables d’une littérature dite putride par les uns, immorale par d’autres, et naturaliste par lui. La fortune lui donne l’illusion du talent et le succès l’orgueil du génie, tant pis pour lui. L’exemple d’un écrivain, autrement grand que lui, tombé si bas, je parle, on l’entend assez, de Victor Hugo, qu’à peine en se baissant on trouve encore quelques-uns de ses ouvrages, tombés déjà dans l’oubli, devrait lui prouver qu’il faut un bagage littéraire plus sérieux que le sien pour traverser ce siècle et arriver intact et entier au siècle suivant. S’il se sauve de l’oubli, ce sera par la curiosité. Classé dans un certain genre, celui de la pornographie, il prendra place à côté des érotomanes : Nerciat, Rétif de la Bretonne, Louvet de Couvray, etc., mais il n’aura le premier rang que dans la grossièreté du langage, l’effronterie osée des peintures, la trivialité obscène de ses personnages. S’il importe de faire grand en quelque chose, c’est surtout en mal : on n’excuse jamais la