Page:Laporte - Émile Zola, 1894.djvu/75

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Tu n’es pas d’ailleurs nouveau venu dans le monde. On t’y retrouve à chaque époque de décadence, produit fatal de la loi de renveloppement. On t’a déjà vu à la fin du xviiie siècle ; tu t’appelais Sadisme, tu étais marquis. À la fin du xixe siècle, tu n’es pas plus beau, bien que bourgeois. Pour être un peu moins cruel, tu n’en es pas moins sale : et pour être plus mou, tu n’en es pas plus propre. C’est la différence du tigre au porc…, mais toujours la brute. Même rechute de l’homme en bestialité. »

« Mon Dieu ! reprend Zola, dans Une Campagne, p. 133, je n’ai rien inventé, pas même le mot naturalisme, qui se trouve dans Montaigne, avec le sens que nous lui donnons aujourd’hui. On l’emploie en Russie depuis trente ans, on le trouve dans vingt-cinq critiques en France, et particulièrement chez Taine » Voilà pour le mot, c’est entendu, on ne prendra jamais Zola sans vert, et pour cause ; il ne cite pas plus les écrivains qu’il plagie que ceux qui le justifient : les uns prouveraient sa mauvaise foi et les autres rien du tout. Passons à la chose.

Le naturalisme, comme je l’ai dit, est un mot nouveau, mais la chose qu’on lui fait signifier est déjà ancienne ; une étude que je suis patiemment depuis huit ans, l’étayant des documents les plus nombreux : la Trilogie érotique, Arétin, de Sade et Zola, ou l’Immoralité littéraire aux xvie, xviiie et xixe siècles.