Page:Laporte - Émile Zola, 1894.djvu/77

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la cour, les commérages libertins des ruelles et de la boutique puaient le fade et le moisi ; tout cela, rance, maquillé, soufflé, grimacier, poissé, finissait par lever le cœur. Il fallait, pour ravigoter le goût affadi de nos blasés et secouer les nerfs détendus de nos névrosées des piments plus relevés, des moxas plus violents ; il conquit de haut goût cette attention éteinte en greffant le naturalisme sur l’érotisme.

Cette littérature triviale, ivre de gros vin frelaté et d’alcool vitriolisé se roulant, hurlante de mots grossiers et orduriers, dans le cynisme insolent de ses vices et de ses passions, galvanisa ce cadavre moderne usé de débauches et lui rendit, avec sa curiosité excitée, un reste de désirs enragés et crapuleux. Sans les peintures grossièrement lascives et les mots salement crapuleux qui les encadrent et les relèvent, ce naturalisme prétentieux qui monte ses goujats sur des échasses épiques et fait parler à ses… pierreuses la langue poivrée des halles et d’autres lieux, rebuterait vite les plus enfiévrés de pornographie. Voyez Catulle Mendès, Bourget, Huysmans, Maizeroi, Gyp, etc., on ne peut faire mieux dans le monde galant : esprit, talent et science admirable du métier, ils ne négligent rien pour piquer l’appétit sensuel et le satisfaire ; ils atteignent presque la perfection du genre, et pourtant ils sont moins demandés et moins lus que Zola.