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Page:Laporte - Émile Zola, 1894.djvu/84

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au-dessous du naturalisme, celle d’Émile Zola s’étale forte, autoritaire et sifflante d’orgueil : les initiales E Z se dressent, dans leur violence calligraphique, comme deux vipères prêtes à se dévorer ou à mordre les téméraires qui voudraient y toucher. Une fourmi peureuse semble protéger l’humble formule du réalisme, alors que deux vipères, comme les dragons antiques, ou deux épées flamboyantes défendent le dogme absolu du naturalisme.

Qu’est-ce que le naturalisme ? — Moi, répond Zola, mais je me moque comme vous de ce mot, et cependant je m’en sers, parce qu’il faut un baptême aux choses, pour que le public les croie neuves (Journal des Goncourt, tome V, p. 314). Cette définition diffère peu de la précédente ; la première était un grelot, celle-ci est un baptême ; on dirait que le grelot a eu pour mission de sonner le baptême. La différence entre la signification littéraire qu’on impose à ces deux mots presque barbares est tellement insignifiante, qu’on les confond presque ensemble. Le réaliste est un photographe qui reproduit sur un cliché sensibilisé la nature telle qu’elle se présente à son objectif, le naturaliste est un artiste qui étudie la nature avec conscience et la rend telle qu’il la voit, avec ses émotions et ses couleurs ; le premier est un froid enquêteur qui catatalogue minutieusement, scrupuleusement les